La psychomotricité


En quoi ça consiste ?

Mon travail thérapeutique s’inscrit dans la relation, relation empathique, avec une écoute attentionnée, un regard flottant, une attention et un sens donné aux manifestations corporelles du patient en relation avec son environnement.
Il s’agit aussi de la relation du sujet à son corps (ses sensations, ses éprouvés psychocorporels, son expressivité corporelle et verbale) et ceci, dans la relation à l’autre dans un cadre sécurisant et contenant.
La thérapie psychomotrice permet une harmonisation des fonctions motrices et psychiques/cognitives en intégrant les dimensions : corporelle, cognitive, affective et identitaire. C’est une thérapie holistique, elle s’adresse à l’individu dans sa globalité.
Cette caractéristique engendre souvent chez la personne un grand soulagement, une certaine sécurité, le fait de se sentir considéré dans sa globalité, avec ses capacités et ses faiblesses.
Le travail s’articule autour de médiateurs multiples et variés pour permettre au patient de trouver ou de retrouver le plaisir de faire et d’être, et souvent tout simplement de découvrir et d’investir son espace corporel.
Les différentes formations qui émaillent ma vie professionnelle m’ont permis d’exercer une observation plus fine et de développer de nombreuses techniques : rythme, expression corporelle, dessin, formation spécifique en graphomotricité pour les troubles de l’écriture, musique, Yoga, travail corporel, techniques de relaxation : Jacobson, relaxation dynamique (sophrologie), Travail énergétique, Méditation, mais aussi le jeu, qu’il s’agisse de jeux d’adresse, de parcours psychomoteurs, de jeux attentionnels...

Ma formation de Sophrologue et de graphomotricienne a également enrichi mon approche thérapeutique.

Déroulement

Le bilan psychomoteur

Un bilan psychomoteur est proposé avant tout suivi, c’est une première rencontre.
Le bilan psychomoteur détermine la nécessité d'un suivi en psychomotricité. Celui-ci va explorer différents domaines mais aussi le lien entre le corps/ psychisme/cognitif.

Les différents items que j’explore systématiquement :
- La structuration psychocorporelle : schéma corporel, image du corps, latéralité, tonus, coordination dissociation.
- Les fonctions motrices de base : Praxies, Equilibration statique et dynamique, la Graphomotricité et l’écriture.
- La structuration spatio temporelle, l’orientation dans l'espace et du temps : temps social, orientation droite gauche, orientation par rapport à un plan, test de rythme, KABC, Reversal test, Figure de Rey Simplifiée ou Complexe.
- L’attention.

Le bilan psychomoteur est prescrit par un médecin.
Il s’agit d’une photo à un instant T du développement ou de l’évolution de la personne.

Le bilan psychomoteur révèle les compétences psychomotrices de l'individu, lui permet de les explorer, de se les approprier en conscience et de les intégrer à son processus d’évolution, mais aussi d’explorer les compétences spatiales, temporelles, attentionnelles, et cognitives.
Il permet également de mettre en évidence les manques, l’immaturité dans certains domaines, ou les retards, mais aussi de dédramatiser une situation, une difficulté qui n’est peut-être que passagère.
Ce bilan permet d’évaluer le besoin d’un suivi en thérapie psychomotrice ou rééducation, en accord avec le patient, les parents et les différents partenaires (médecin, orthophoniste, école), et souvent d’engendrer d'autres mesures de soutien (mise en place d’un projet scolaire personnalisé PAP, préconisation pédagogique, réorientation vers un autre professionnel de santé, aménagement de la vie scolaire et du quotidien...).
Il permet également de proposer une orientation vers un autre spécialiste pour des investigations complémentaires.
Un nouveau bilan d’évolution peut être proposé après une année de thérapie.
La durée du bilan est d'environ deux heures, il m’apparait préférable de le réaliser en deux séances.

Le suivi en psychomotricité​

Il n’existe pas de recettes en psychomotricité, une fois le projet déterminé et les grands axes de travail posés, il s’agit d’un travail relationnel basé sur l’écoute, l’attention, l’observation notamment du langage corporel.
Le travail s’ajuste en fonction de qui se passe à chaque instant​, dans un aller-retour incessant entre les observations et la créativité, d’où l’importance de l’expérience.
Lorsqu’ il s’agit d’un enfant, un entretien parental est proposé tous les 15 ou 20 séances ou à la demande.

Les médiations

Le psychomotricien est susceptible d’utiliser de nombreux médiateurs, mais le principal demeure le corps.
Mes longues années de pratique, et nombreuses formations, m’ont permis d’enrichir ma palette d’outils et de techniques.

- En premier les techniques corporelles : la respiration, mouvement en conscience, respiration, techniques de prise de conscience de son état tonique, technique de mobilisation passive, travail sur le schéma corporel, articulaire, techniques de relaxation multiples et variées, l’Eutonie, Jacobson, la relaxation dynamique, le yoga et le travail énergétique en lien avec la médecine chinoise.
- La sophrologie
- La méditation
- Le rythme, la musique, et notamment les instruments de percussion, qui favorisent la structuration temporelle.
​ - Le jeu sous toutes ses formes, choisis en fonction des objectifs fixés dans le bilan, nombreux jeux inventés au fil de l’observation des difficultés des enfants.
- L’expression corporelle, le mime et Le théâtre.
- Le dessin et la peinture.

Histoire de la psychomotricité : Wallon / Ajuriaguerra / Piaget

Le dialogue tonique
Déjà, à la fin des 1940, H. Wallon (1949, pp 144-178) mettait en évidence le lien entre le tonus et l’émotion, et soulignait son importance dans les interactions mère-nourrisson, parlant d’une relation tonico-affective.
J. de Ajuriaguerra, à partir des travaux de Wallon, parle de dialogue tonique, et met en évidence la fonction du tonus dans la communication interhumaine : « l’enfant, dès sa naissance, s’exprime par le cri, par les réactions toniques axiales, par des grimaces ou gesticulations où parle tout le corps. Il réagit aux stimulations ou interventions extérieures par l’hypertonie, ou se laisse aller à une paisible relaxation. Mais c’est par rapport à autrui que ces modifications toniques prennent leur sens, et ce sont ces réactions expressives que la mère interprète et comprend » (J. de Ajuriaguerra, 1960).
« c’est ainsi que ce dialogue tonique pourra être utilisé par une thérapeutique comme la relaxation » (Lemaire 1964, p.6).

En situation de relaxation, de par la voix et le toucher du thérapeute, le patient réagit par un abaissement du tonus, qu’il décrit par les modifications des sensations de poids, de grandeur, de température, de contact du corps sur le sol. Réciproquement, par empathie, le thérapeute en relaxation ressent l’état de son patient.
Cette situation n’est pas sans lien avec l’expression tonique du ressenti de l’enfant et la compréhension par la mère des manifestations toniques de son nourrisson et la compréhension par le thérapeute en relaxation des manifestations toniques de son patient.

Julian de Ajuriaguerra en 1977 a décrit le « dialogue -émotionnel », le dialogue tonico-émotionnel serait le reflet des états émotionnels des deux partenaires avec la possibilité d’une transmission de l’un à l’autre, en particulier chez le bébé, et dès le plus jeune âge. S’intéresser au dialogue tonico-émotionnel porte donc tout naturellement à s’intéresser à la manière dont les émotions peuvent être transmises entre deux partenaires.
Ajuriaguerra, l'un des fondateurs de la Psychomotricité évoque : « le concept de Psychomotricité tente de mettre en évidence cette interrelation entre les fonctions motrices et la vie psychique de l’individu, le corps étant considéré comme un point d’ancrage des expériences sensorimotrices, émotionnelles et affectives, cognitives et sociales »

Le corps permet à chacun de se mouvoir, d'entrer en relation avec autrui et de ressentir.
La thérapie psychomotrice s’intéresse au lien entre le vécu corporel et le vécu psychique en prenant en compte l'individu dans sa globalité.
Ces deux entités fonctionnent ensemble, tels des vases communicants, l’état d’agitation psychique, de stress influence l’état corporel (hypertonie, contractions, modification des rythmes physiologiques cardiaques et respiratoires, circulation des fluides, secrétions hormonales etc.
L’état corporel après un travail de relaxation, respiration, de mouvements en conscience, influence l’état psychique.
Il faut parfois apprendre ou réapprendre à vivre avec son corps, l’accepter avec ses évolutions, ses atouts et ses défauts. Cela n’est pas forcément simple.
La psychomotricité met le corps au centre de cette problématique et cherche à restaurer ces liens qui peuvent être parfois malmenés, perdus, ou absents à cause de changements, de maladies.


Piaget autre fondateur de la psychomotricité décrit : L’éveil de l’intelligence.
Pour Piaget, c’est en agissant sur son environnement que l'enfant construit ses premiers raisonnements. Les structures cognitives (ou schèmes de pensée), s'intériorisent progressivement pour devenir de plus en plus abstraites.
Piaget distingue quatre structures cognitives primaires correspondant à autant de stades de développement.

Le premier stade, (de la naissance à environ 2 ans) est le stade sensorimoteur.
Les relations que l’enfant entretient avec le monde environnement est entièrement lié aux mouvements qu’il effectue et aux sensations qu’il éprouve.
L’enfant explore, découvre, tout nouvel objet est secoué, lancé, mis dans la bouche pour en comprendre progressivement les caractéristiques par essais et erreurs. C’est au cours de ce stade, vers 9/10 mois, que l’enfant saisit la notion de permanence de l’objet, c’est-à-dire le fait que les objets continuent d’exister quand ils disparaissent de son champ de vision.

Le deuxième stade est celui de la période pré-opératoire (De 2 ans environ jusqu'à 6 - 7 ans). C’est aussi la période où le langage apparait, l’enfant devient capable de penser en terme symbolique, de se représenter des choses à partir de mots ou symboles.
L’enfant intègre aussi des notions de quantité, d'espace, et les premières étapes de la structuration temporelle (passé, futur), avec l’abandon de la pensée réversible. Il est cependant encore considérablement orienté sur le présent et les situations physiques concrètes, ayant de la difficulté à manipuler des concepts abstraits.
Sa pensée est encore très centré sur lui.

Entre 6-7 ans et 11-12 ans, c’est le stade des opérations concrète : l’enfant devient capable de se décentrer et d’envisager des événements qui surviennent en dehors de sa propre vie. Il commence à conceptualiser et créer des raisonnements logiques entretenant encore un rapport au concret. Cela lui permet d’aborder des disciplines comme les mathématiques, de résoudre des problèmes avec des nombres, de coordonner des opérations dans le sens de la réversibilité, mais toujours au sujet de phénomènes observables.

A partir de 11-12 ans c’est le stade des opérations formelles. L’enfant devient capable de faire des raisonnements hypothético-déductifs et d’établir des relations abstraites, (maîtrisées autour de l’âge de 15 ans). À la fin de ce stade, l’adolescent peut donc, comme l’adulte, utiliser une logique formelle et abstraite. Il peut aussi se mettre à réfléchir sur des probabilités et sur des questions morales comme la justice.